SENSORIAL SYMPHONIES
TOURING PACK
Création sur commande pour les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Zoë Schlanger
Et si nous pouvions ressentir le monde comme le font les plantes ?
Dans Sensorial Symphonies, Elisabeth Schilling, artiste associée aux Théâtres de la Ville de Luxembourg, se lance dans une expérience radicale qui modifie notre perception de l’existence elle-même. Avec pour toile de fond l’emblématique Concerto pour piano n°2 de Sergei Rachmaninov – réimaginé et entrelacé avec une partition contemporaine de Pascal Schumacher et les sons organiques du Plant Philharmonic – cette création est aussi ambitieuse dans sa portée que complexe dans son exécution.
Les Symphonies sensorielles invitent le public à un voyage immersif et multisensoriel, où les plantes ne sont pas de simples métaphores décoratives, mais des protagonistes actifs, qui occupent le devant de la scène avec leurs systèmes élaborés et interconnectés. La chorégraphie rend hommage à la sagesse de la vie végétale, à ses relations symbiotiques, à sa résilience et à sa capacité d’adaptation illimitée, nous invitant à reconsidérer notre place dans un réseau écologique partagé.
La pièce transcende les récits centrés sur l’homme, célébrant les plantes à la fois comme sujets et comme collaborateurs. Par le toucher, l’odeur, le design, le son et le mouvement, elle nous encourage non seulement à voir mais aussi à sentir la vie végétale, remettant en question l’héritage d’Aristote reléguant les plantes au dernier rang de l’être. Il s’agit d’une politique de la perception, d’un effort pour élever le statut du monde naturel dans notre conscience collective.
Sur le plan musical, l’œuvre est tout aussi révolutionnaire. La partition de Schumacher mêle l’incomparable profondeur émotionnelle de Rachmaninov aux sonorités minimalistes et organiques des sons générés par les plantes. L’intersection de ces forces apparemment opposées – le grand romantisme de Rachmaninov et les fréquences subtiles et non humaines de The Plant Philharmonic – crée un paysage sonore aussi stratifié et complexe que les écosystèmes qu’il cherche à évoquer. Le contraste est délibéré, nous obligeant à repenser ce que signifie la virtuosité : la maîtrise de l’art humain par rapport à l’expression discrète mais exquise de la vie végétale.
Interprétée par une troupe exclusivement féminine, la chorégraphie reflète les structures relationnelles et non hiérarchiques du monde végétal. Les danseurs se déplacent avec une fluidité qui reflète l’organisation distribuée des plantes, formant des schémas de mutualité et de réciprocité. Les séquences de groupe se déroulent comme des écosystèmes, interdépendants, dynamiques et grouillants de forces invisibles.
Pourtant, les Symphonies sensorielles ne reculent pas devant les contradictions qu’elles explorent. Le théâtre – un espace construit par l’homme – contraste fortement avec la vitalité sauvage de la nature. Le travail d’Elisabeth Schilling embrasse cette tension, examinant comment la temporalité lente et expansive des plantes peut s’exprimer dans l’urgence du spectacle vivant. Comment l’illimité de la nature peut-il être contenu dans les limites d’un théâtre ? Ces questions, qui font partie intégrante de l’œuvre, nous invitent à nous confronter à notre propre séparation d’avec le monde naturel.
Grâce à sa riche interaction entre la musique, le mouvement et la conception sensorielle, Sensorial Symphonies résiste à l’interprétation facile, insistant plutôt sur un engagement expérientiel, presque tactile, avec ses thèmes. Entre les mains d’Elisabeth Schilling, la danse devient la musique exubérante de la nature – une enquête, une transformation, une nouvelle façon de percevoir le monde. Il ne s’agit pas seulement d’une performance profonde, mais d’un acte de revendication.
PLANT PHILHARMONIC
Écoutez notre exemple sonore montrant nos premières idées autour de la dé- et reconstruction du 2e concerto pour piano de Sergei Rachmaninov par Pascal Schumacher en intégrant des éléments de The Plant Philharmonic.
ÉCHELLE
EN CONVERSATION AVEC ELISABETH
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Aucune autre forme d’art n’est aussi profondément liée que la danse et la musique. Aujourd’hui encore, aucun lien entre les formes d’art n’est aussi étudié et analysé de tous les côtés que la coexistence, l’interconnexion – on pourrait même parler d’entrelacement – de la danse et de la musique. Je sais que je généralise beaucoup, mais en gros, à l’époque, le rôle du ballet était celui d’un acte de soutien à la musique. La danse de la période néoclassique imitait la musique en retraçant ses lignes et en la sculptant à travers le corps des danseurs.
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Comment situez-vous votre travail par rapport à cette idée ?
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Je ne cherche pas à réitérer par la danse ce que fait la musique, car je ne conçois pas la danse comme une simple béquille de la musique, bien au contraire. Leur lien, que je conçois comme une interdépendance à plusieurs niveaux, est abordé sous plusieurs angles : scientifique et émotionnel, textural et rythmique. Par ces différentes voies, je recherche des étincelles d’inspiration scientifique et émotionnel, textural et rythmique. Je recherche ainsi des étincelles d’inspiration qui mèneront au mouvement.
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La danse et la chorégraphie peuvent-elles être perçues à un niveau plus abstrait ?
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J’essaie donc de réunir les danseurs pour les faire réagir à des images ou des associations tirées de la nature. Je leur demande de penser à leur corps comme à un reflet sur l’eau, ou à des feuilles dans le vent, ou à un champ de tournesols desséché, laissant derrière eux leur corps humain pour devenir des éléments.
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Il s’agit d’un concept chorégraphique que vous avez développé dans un projet précédent, Florescence in Decay.
Dans cette pièce, j’ai exploré des thèmes tels que la cyclicité, la métamorphose naturelle, notre concept de l’année solaire. C’est une pièce qui évoque le monde des plantes d’un point de vue cosmologique, en mettant l’accent sur notre lien intrinsèque avec le monde naturel dont nous, les humains, faisons partie et dont nous ne pouvons pas être entièrement séparés. J’ai envisagé une sorte de zoom arrière, un concept global de notre relation avec les êtres vivants. Je voulais danser sur une fleur qui pousse et s’épanouit, qui est ensuite mangée par une vache, puis digérée.
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Sur scène, depuis HEAR EYES MOVE, j’essaie de rendre cela comme la relation entre des corps qui, sans se toucher physiquement, expriment néanmoins par la danse les effets potentiels qu’ils ont l’un sur l’autre. Si l’un d’entre eux se retourne, les autres se retournent avec lui. Danser en canon, pour ainsi dire, plutôt qu’à l’unisson : les mêmes mouvements se chevauchent, liés en séquence, en action et en conséquence. Chaque geste a un impact sur l’ensemble du système. C’est devenu une figure de style importante dans mon travail.
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Je suis tombé amoureux de la musique de Rachmaninov, même si elle est parfois considérée comme kitsch. J’aime l’éclat de sa virtuosité, même si c’est précisément cette virtuosité qui fait de l’œuvre de Rachmaninov un défi à transformer en chorégraphie. Je trouve que dans la danse contemporaine, nous avons un peu trop peur des émotions fortes, nous ne voulons pas les affronter. D’un autre côté, j’avais très envie de m’attaquer à un grand compositeur. Je lis et j’écoute beaucoup de musique, et après avoir longtemps nourri ce désir, j’ai enfin trouvé le courage d’utiliser la musique de Rachmaninov pour approfondir mes recherches sur les liens entre le rythme, les textures et le monde des plantes.
Fascinée par la capacité des plantes à produire des sons réels, qui peuvent être amplifiés, Alexandra Duvekot travaille avec des sons végétaux depuis 2012.En combinant deux éléments apparemment opposés, nous voulons ancrer le concerto pour piano en trois parties de Rachmaninov dans et autour de la composition contemporaine de Duvekot pour sons végétaux, unissant ainsi les sons polyphoniques de la nature à la virtuosité du concerto solo, créant ainsi un contraste esthétique entre le contemporain et un classique occidental.De même, dans l’œuvre de Rachmaninov, l’ensemble du concerto semble germer à partir d’une graine de trois notes, à partir de laquelle toute la mélodie s’élabore.
En combinant deux éléments apparemment opposés, nous voulons ancrer le concerto pour piano en trois parties de Rachmaninov dans et autour de la composition contemporaine de Duvekot pour sons végétaux, unissant ainsi les sons polyphoniques de la nature à la virtuosité du concerto solo, créant ainsi un contraste esthétique entre le contemporain et un classique occidental. De même, dans l’œuvre de Rachmaninov, l’ensemble du concerto semble germer à partir d’une graine de trois notes, à partir desquelles toute la mélodie se développe de manière organique, à la manière d’une plante.
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Lorsque nous nous promenons dans les bois, nous pouvons sentir l’énergie émise par les plantes et les arbres, et je veux que la danse émette le même type d’énergie – une danse qui transmette la sensation de l’écorce de l’arbre.
J’envisage des séquences chorégraphiques qui prennent l’apparence des plantes, portant sur scène l’unité sensorielle de la nature.
TOURING
Première:
27, 28, 30 september, 02 octobre 2025 – Théâtres de la Ville de Luxembourg
01 octobre 2025 – Mosel Musikfestival
18 octobre 2025 – Dance Live Festival Aberdeen
23 octobre 2025 – The Byre Theatre, St. Andrews
01 & 2 novembre 2025 – Cumbernauld Theatre, Cumbernauld
4 novembre 2025 – An Lanntair, Outer Hebrides
6 novembre 2025 – Mareel, îles Shetland
Disponible pour des tournées en 2026 et 2027.